Parfois, je me laisse faire. Je reste suspendue à elle comme au sein de ma mère. Fébrile et apaisée à la fois. Le temps se déchire dans sa fumée. Il avance masqué. La cendre n'est pas encore froide qu'il me faut la rallumer pour gagner encore un peu de sa chaleur. Mes dents s'agrippent à elle. La morsure du tabac me répond. Qui fume qui ?
Lexomil et une nuits
jeudi 10 juillet 2014
mardi 8 juillet 2014
Chatte hier
Sous l'écriture de Forton, nous sommes comme ces têtes rondes qui cherchent la caresse, bercées jusqu'à ce que vienne le coup de pied au derrière.
« C’est à des riens que je mesure mon âge et je m’effraye des profondes transformations qui se sont opérées en moi, à mon insu. Un mot, une phrase, me replongent soudain dans le passé. Je me retrouve intact, tel que je fus à quinze ans, à vingt ans. Je me heurte à celui que j’étais alors et qui m’est désormais étranger. »
Jean Forton, La cendre aux yeux
samedi 5 juillet 2014
La midinette de la semaine (3)
Seberg devait être un drôle de tranxène sous la langue.
Gary en a fait les frais : cet amour éprouva l'homme et diminua l'écrivain.
En définitive, ils ne ne sont pas si forts ces Romains.
vendredi 4 juillet 2014
La présidence si je veux
JS prendra bien en main la future campagne de NS.
Cela ne fait plus aucun doute quand le fripon lâche un Sharkosy sonore, en montrant les dents à la télé.
Alors, en face, qui se couchera ?
jeudi 3 juillet 2014
Rémy l'adoré
« Un vieux monsieur s'est approché et il m'a dit :
- Jeune homme, ne pleurez jamais d'avoir perdu le soleil. Les larmes vous empêcheraient de voir les étoiles.»
Rémy Boiron
mardi 1 juillet 2014
Pendu au plafond
« Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l'autre. Comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. »
Roland Barthes.
PS : Roland Barthes aurait répandu l’idée qu’un infirme qui se plonge dans l’eau de Lourdes, pour que sa situation s’améliore, en ressort toujours avec une chaise roulante toute neuve. Si c’est vrai, je suggère qu’on le béatifie. Amen.
dimanche 29 juin 2014
Char à voile et à vapeur
A chaque gay pride, c'est la même chose : Je relis Duras.
« 23 décembre 1980.
Yann, C’est donc fini. Je t’aime encore. Je vais tout faire pour t’oublier. J’espère y parvenir. Je t’ai aimé follement. J’ai cru que tu m’aimais. Je l’ai cru. Le seul facteur positif, j’espère, me fera me détacher tout à fait de toi c’est celui-là, ce fait que j’ai construit l’histoire d’amour toute seule. Je crois que tu m’aimes toi aussi mais pas d’amour, je crois que tu ne peux pas contenir l’amour, il sort de toi, il s’écoule de toi comme d’un contenant percé. Ceux qui n’ont pas vécu avec toi ne peuvent pas le savoir. J’ai aperçu quelque chose de ça lors de la première scène à Deauville. – Je me suis dit : mais avec qui je suis ? Et puis tu as pleuré et ça a été colmaté. Mais je n’ai pas oublié cet effroi. Je voudrais que tu saches ceci ; ce n’est pas parce que tu dragues et que tu en passes par le cérémonial pitoyable des pédés que je te quitte.
Tout serait possible, tout si tu étais capable d’aimer. Je dis bien : capable d’aimer comme on dirait capable de marcher. Le fait que tu ne parles jamais, ce qui m’a tellement frappée, vient de ça aussi, de ce manque à dire, d’avoir à dire. Peut-être est-ce un retard seulement, je l’espère. Tu n’es même pas méchant. Je suis beaucoup plus méchante que toi. Mais j’ai en moi, dans le même temps, l’amour, cette disposition particulière irremplaçable de l’amour. Tu ne l’as pas. Tu es déserté de ça. Je vais essayer de te trouver un travail à Paris ou ailleurs, un travail qui te convient. Je veux bien te louer une chambre à Caen où tu as tes vrais amis, […] ceux qui te connaissent depuis toujours, qui ne peuvent plus vivre ce leurre de l’été 80 à Trouville vécu par moi. Je ne te laisserai pas tomber. Je t’aiderai. Mais je veux me tenir à l’abri de cette aridité qui sort de toi et qui est carcérale, intolérable, épouvantable. Je ne sais pas de quoi elle procède, je ne peux pas la décrire, sauf en ceci : qu’elle est un creux, en manque, en vide à côté de quoi ma méchanceté par exemple, est une prairie, un printemps. Vivre avec toi, à coté de toi, non, c’est impossible.
Tu m’as écrit pendant des années justement parce que j’échappais à cette indécence d’exister. Je t’aime Yann. C’est terrible. Mais je préfère encore être à t’aimer qu’à ne pas t’aimer. Je voudrais que tu saches ce que c’est. Quel été, quelle illusion, que c’était merveilleux, ça ne pouvait pas continuer, ce n’était pas possible, seules les erreurs peuvent prendre cette plénitude. Je ne sais pas quoi faire de la vie qui me reste à vivre, très peu d’années. Le crime c’était ça : de me faire croire qu’on pouvait encore m’aimer. En retour de ce crime il n’y a rien. S’il arrive que j’aie le courage de me tuer je te le ferai savoir. Le seul empêchement est encore mon enfant. Je t’aime
Marguerite.»
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